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Le parti pris des larmes
Le dernier livre de Michèle Finck, "Connaissance par les larmes", a de quoi surprendre. Il ébranle toutes ces habitudes mentales auxquelles nous tenons tellement. On veut absolument faire de la connaissance un objet de l'esprit, avec ses moyens bien rodés, souvent d'une grande froideur, que sont le raisonnement, la logique, au mieux on y introduit une sorte d'intuition métaphysique, perception directe indiscutable mais qui n'est pas prouvable, qui est de l'ordre de l'innommable, "docte ignorance" disait-on naguère. On oublie que tout processus de connaissance s'appuie sur le corps, que celui-ci existe, avec sa densité, son opacité, son impatience, son plaisir, son exaspération, parfois ses nerfs à vif et son mal être. C'est en définitive lui qui connaît, et la pensée n'est qu'un de ses instruments, certes privilégié.
Les larmes – comme le rire – sont un mode d'expression du corps que notre société policée, peu friande d'émotions fortes, tolère à peine, hormis en certaines circonstances exceptionnelles. Il n'en fut pas toujours ainsi. La société médiévale tenait en grande estime, chez les mystiques chrétiens, le "don des larmes", signe d'une expérience spirituelle authentique, selon les critères de l'époque. Des pratiques semblables existaient aussi chez les kabbalistes, surtout parmi les disciples de Louria. Se laver les yeux par les larmes et purifier ainsi la vision pour atteindre à la connaissance dans une sorte d'abandon, de "lâcher prise", c'est l'impression que je ressens à la lecture du livre de Michèle Finck. Cela n'a rien à voir avec une démarche scientifique. C'est par le poème, d'une écriture souvent hachée, à l'imitation des sanglots, que l'auteure nous invite à voir le monde à travers les larmes aux multiples facettes et nuances :
"Larmes blanches -décapage catharsis exorcisme
Larmes noires -équarrir désosser calciner."
D'une grande culture qui touche à tous les arts, traductrice de poètes allemands (Trakl, Rilke) et auteure d'un essai sur Yves Bonnefoy, "Le simple et le sens", publié chez Corti, Michèle Finck nous fait voyager "par les larmes" dans la musique, la peinture, le cinéma et, en ce sens, son livre est une véritable anthologie transversale de plusieurs modes d'expression. Mais son regard, comme lavé par toute cette "eau" – larmes de tristesse, de joie ou de connaissance –, est avant tout celui du poète, en vers ou en prose, qu'elle est viscéralement :
"Amour poésie mort :
une seule et même œuvre."
ou encore :
"Poésie peau nue
Vêtue seulement
De vent."
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Les larmes – comme le rire – sont un mode d'expression du corps que notre société policée, peu friande d'émotions fortes, tolère à peine, hormis en certaines circonstances exceptionnelles. Il n'en fut pas toujours ainsi. La société médiévale tenait en grande estime, chez les mystiques chrétiens, le "don des larmes", signe d'une expérience spirituelle authentique, selon les critères de l'époque. Des pratiques semblables existaient aussi chez les kabbalistes, surtout parmi les disciples de Louria. Se laver les yeux par les larmes et purifier ainsi la vision pour atteindre à la connaissance dans une sorte d'abandon, de "lâcher prise", c'est l'impression que je ressens à la lecture du livre de Michèle Finck. Cela n'a rien à voir avec une démarche scientifique. C'est par le poème, d'une écriture souvent hachée, à l'imitation des sanglots, que l'auteure nous invite à voir le monde à travers les larmes aux multiples facettes et nuances :
"Larmes blanches -décapage catharsis exorcisme
Larmes noires -équarrir désosser calciner."
D'une grande culture qui touche à tous les arts, traductrice de poètes allemands (Trakl, Rilke) et auteure d'un essai sur Yves Bonnefoy, "Le simple et le sens", publié chez Corti, Michèle Finck nous fait voyager "par les larmes" dans la musique, la peinture, le cinéma et, en ce sens, son livre est une véritable anthologie transversale de plusieurs modes d'expression. Mais son regard, comme lavé par toute cette "eau" – larmes de tristesse, de joie ou de connaissance –, est avant tout celui du poète, en vers ou en prose, qu'elle est viscéralement :
"Amour poésie mort :
une seule et même œuvre."
ou encore :
"Poésie peau nue
Vêtue seulement
De vent."
On referme le livre de Michèle Finck. Son écriture nous est venue avec la vague, elle repart avec elle par le ressac. mais il reste dans la bouche sur le bout de la langue un goût étrange, à la fois doux et piquant : c'est le sel, comme une saveur de poésie.
Alain Roussel.....................
Michèle Finck, "Connaissance par les larmes", 208 pages, 17€, Éditions Arfuyen.
ainsi, l'article Le parti pris des larmes
qui est tous les articles Le parti pris des larmes Cette fois-ci, nous l'espérons peut vous offrir des avantages à tous. Bon, vous voyez dans un autre article après
.
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