titre : "Peut-être entre-t-il du pressentiment dans la vogue actuelle de s'essayer au jeûne."
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"Peut-être entre-t-il du pressentiment dans la vogue actuelle de s'essayer au jeûne."
A quoi reconnaît-on un idiot ou un ravi de la crèche planétaire, aujourd'hui? C'est assez simple. Ils sont dans le déni total de la catastrophe qui vient. Que l'ensemble de la communauté scientifique, à part une poignée de chercheurs stipendiés ou manipulés par des multinationales, ne cesse d'alerter la planète sur son avenir des plus précaires, que visiblement le mode de production capitaliste, déjà monstrueux d'un point de vue social est en plein devenir-génocidaire sur le plan écologique, tout cela est nié par les idiots productivistes et/ou libéraux. Ce négationnisme est dû, le plus souvent à la bêtise, ou au manque d'imagination, ce qui revient passablement au même. Ils continuent à vous parler croissance, déficits, dettes alors que 80% des insectes ont disparu en Europe en moins de vingt ans. Peu importe que leurs maîtres, comme Macron en France, jouent les syndics de faillite en attendant de se replier sur des positions longuement préparées à l'avance comme on dit en termes militaires (clic), ils sont ces merguez et ces chipolatas qui applaudissent le barbecue qui se prépare pour le dernier été.
On les reconnait aussi à leur agacement inculte devant l'efflorescence de récits pré ou postapocalyptiques qui a envahi la littérature générale, blanche, depuis La Route de Cormac Mc Carthy. Que certains de ces récits soient mauvais et surfent sur une mode, c'est possible. Mais pourquoi cette mode si soudaine, dans ce cas? Avec quoi et pourquoi entre-t-elle à ce point en résonance informulée avec les inquiétudes d'autant de nos contemporains?
Que d'autres de ces récits, par exemple ceux des séries télévisées, soient consciemment ou non, des manières de nous habituer à l'inéluctable, de nous forcer à l'apprentissage de l'effroyable, c'est également possible. On se souviendra comment la série 24H, et depuis d'un certain nombre d'entre elles qui ont banalisé la pratique de la torture aux yeux du grand public, à l'époque de Guantanamo et d'Abu Graïb.
Mais la plupart sont de beaux textes, d'une mélancolie horrifiée, ce qui est pour notre part le sentiment que tout humain encore normalement constitué devrait éprouvé devant ce qui se prépare.
Baudoin de Bodinat dont il a souvent été question dans Feu sur le quartier général, par exemple ici (clic) n'est pas un romancier. C'est un poète, un philosophe, un grand Solitaire. Dans des livres rares et avec une langue choisie, il se fait le greffier de l'effondrement, et son ton oscille entre le Baudelaire des Fusées, L'Ecclésiaste et le Debord dernière manière. C'est beau, précis, poignant, d'une ironie discrète à l'occasion comme la phrase inaugurale de ce En attendant la fin du monde qui vient de paraître aux éditions Fario, il y a quelques jours: "Peut-être entre-t-il du pressentiment dans la vogue actuelle de s'essayer au jeûne."
Il ne convaincra pas les idiots dont il est question plus haut, puisqu'en plus d'être aveugles, ils sont inaccessibles à la subversion à cause de leur bêtise. Elle ne les protège pas, en revanche, de la manipulation et de l'emploi d'une langue managériale en putréfaction. C'est pour cela que Bodinat, en plus, écrit dans une langue antéspectaculaire, comme Debord, encore une fois, car il est impossible de dire ce qui se passe aujourd'hui, ce qui se passe vraiment avec les mots de cette tribu qui occupent de manière totalitaire médias, réseaux sociaux pour mieux mettre aux normes les imaginaires et autres vieilleries que sont les vies intérieures.
Un extrait d'En attendant la fin du monde de Baudouin de Bodinat (Fario, 2018):
"Une main anonyme enfonce une touche de clavier, peu après des passants perplexes manipulent leur ordiphone, le secouent: l'internité vient de s'évanouir (exploitation d'une faille équipant la totalité des ordinateurs en fonction). Une main anonyme...dans la rue on donne du poing sur les distributeurs, dans un magasin :"Désolé, ça bug...ça veut pas..." L'argent électronique vient de disparaître, tous les systèmes de transaction sont morts (une faille de logiciel). Ou le simple effondrement systémique des réseaux de distribution en période glaciaire. Ou de mauvaises récoltes à répétition de pluviométries démentes et de canicules aridifiantes. Ou d'une bulle spéculative dont la dilatation rapide redonnait espoir (la suite en contagion de paniques, de faillites irrationnelles). Ou l'évasion d'un virus de grippe recombiné en saison des ouragans; le contrôleur d'astreinte agonise dans les toilettes durant que les clignotants s'allument au tableau de la centrale. Etc.
Le générique est simplement une histoire universelle en abrégé d'encyclopédie participative qu'on lit en déroulant. Il faut ensuite choisir d'assister aux conséquences immédiates, et puis "Quelques semaines plus tard", et puis "Dix ans après" et ainsi de suite, ou de rejoindre d'emblée les bribes humaines d'un nouveau paléolithique radioactif et leurs cultes bizarres."
Le générique est simplement une histoire universelle en abrégé d'encyclopédie participative qu'on lit en déroulant. Il faut ensuite choisir d'assister aux conséquences immédiates, et puis "Quelques semaines plus tard", et puis "Dix ans après" et ainsi de suite, ou de rejoindre d'emblée les bribes humaines d'un nouveau paléolithique radioactif et leurs cultes bizarres."
ainsi, l'article "Peut-être entre-t-il du pressentiment dans la vogue actuelle de s'essayer au jeûne."
qui est tous les articles "Peut-être entre-t-il du pressentiment dans la vogue actuelle de s'essayer au jeûne." Cette fois-ci, nous l'espérons peut vous offrir des avantages à tous. Bon, vous voyez dans un autre article après
.
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