titre : Gilles Sebhan, Cirque mort (Rouergue Noir)
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Gilles Sebhan, Cirque mort (Rouergue Noir)
Gilles Sebhan a écrit sur Jean Genet et surtout Tony Duvert. Autant dire que si la meute ne s'est pas encore jetée sur lui c'est sans doute pas distraction. Son livre sur Duvert, au Dilettante ressemblait à une enquête mais pas policière, surtout pas. Sa Salamandre, toujours au Dilettante, avec une histoire de meurtre sordide dans les cabines d'un cinéma porno gay était assez hardcore, mais écrite impeccablement, somptueusement même. Sebhan y faisait de la poésie pure avec du foutre séché, la grâce jaillissait de l'abjection de manière très paulinienne :"Là où le pêché abonde, la Grâce surabonde". Nous, on n'avait pas vu ça depuis Guyotat.
Il est assez logique, donc qu'il aggrave son cas en sortant Cirque mort (Rouergue), un roman noir de plein exercice. Un exercice pris au sérieux, pas pour faire un coup, être à la mode, mais par respect et foi dans le genre et ses possibilités. Il n'y a pas plus respectueux, finalement, que les profanateurs.
Cirque mort parle de la disparition d'ados psychotiques après le massacre des animaux d'un cirque, massacre suivi de l'enquête d'un flic dont le fils fait partie des disparus. On est dans une ville de montagne, quand le dégel arrive, que le printemps maladif chasse l'hiver serein. C'est une histoire de désirs indicibles aujourd'hui, de tabous définitifs, de points goldwin de la morale à l'époque de Macron et des nouvelles Yvonne De Gaulle 2.0
Sauf que Sebhan, qui est un écrivain, se fout de l'ordre moral, sexuel, psychiatrique du moment. D'ailleurs, Cirque mort est aussi une histoire où ce qu'il est médicalement convenu d'appeler la folie, est en fait le seul mode rationnel de connaissance du monde. Inutile de dire que Sebhan n'est pas franchement dans l'air du temps quand la littérature, même noire, conteste bien dans les clous et quand on écrit en respectant le code de la route, même si on fait semblant de faire des excès de vitesse pour épater le bourgeois, qui s'en fout depuis longtemps.
Gilles Sebhan, lui, est dans le pur travail du négatif. Il est bien seul. C'est pour cela qu'il faudrait le lire. Et passer le mot.
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